ARTICLES
2021-06-01 - apparition : ça projète au 105 : l'ultime maison artistique (7-2) : ÉTUDE PÉBIPOLOGIQUE : Gordon Matta-Clark : ...et buter
Gordon Matta-Clark (1943-1978) :
Gordon Matta-Clark explore les butées :
- citations : sculpture sociale, espaces non productifs
- Graffiti Truck (1973)
- Garbage Wall (1970-1971)
- Jacks (1971)
- Site for Resource Center and Environmental Youth Program for Loisaida (1976-1978)
- Plaza Cultural Garden (1976)
.
.
Gordon Matta-Clark explore les butées
……………………..
……………………..
Sculpter pour créer des espacements.
Et les butées surgiront aux limites de ces espaces, limites qu’on ne voit pas ou qu’on ne voit plus, limites qui ne sont pas forcément fixes, limites qu’on découvre en expérimentant ces espaces.
Une analogie de ce type d’exploration serait : comme avancer en tâtonnant dans le noir.
Gordon Matta-Clark, Note card for Anarchitecture, 1973-1974.
DEALING WITH THE LIMITS (OF MAN MADE SPACE)
[ LIMITS ]
FAIRE FACE AUX LIMITES (DE L’ESPACE CRÉÉ PAR LES HUMAINS)
[ LIMITES ]
……………………..
……………………..
On peut imaginer que se déplacer dans l’espace social (en dehors de nos trajectoires et de nos déplacements fonctionnels de points A à des points B) devrait s’effectuer de la même manière : c’est-à-dire partir du postulat qu’il n’y aurait pas d’attendus ; autrement dit : ne pas s’attendre à ce que dans l’espace social ne se reproduise que des situations déjà codifiées.
Pour ce faire, Matta-Clark a également développé et réalisé des projets à dimension sociale et collective, posant même et à juste titre la question de “sculpture sociale” au centre de certaines réalisations que nous proposons de parcourir à présent.
- « J’ai choisi de ne pas m’isoler des conditions sociales, mais de traiter directement des conditions sociales, que ce soit par implication physique, comme dans la plupart de mes travaux de construction, ou par une implication plus directe de la communauté, c’est ainsi que je veux voir le travail se développer à l’avenir. » (Gordon Matta-Clark, “Les découpes de Gordon Matta-Clark”, entretien réalisé par Donald Wall, mai 1976)
Ses idées sur le consumérisme et le capitalisme semblaient être tirées presque directement des situationnistes : les concepts de psychogéographie, de dérive et de détournement.
En expliquant son « habitude dualiste de centrage et de retrait », a-t-il dit, « Je porte ici mon attention sur le vide central, sur l’écart qui, entre autres, pourrait se situer entre le moi et le système capitaliste américain. Ce dont je parle est une schizophrénie de masse très réelle et soigneusement entretenue dans laquelle nos perceptions individuelles sont constamment subverties par les médias, les marchés et les intérêts des entreprises contrôlés par l’industrie. […] Cette conspiration se poursuit tous les jours, partout, tandis que le citoyen fait la navette entre son domicile de boîte à chaussures avec son air de paix et de calme, alors qu’il est précisément maintenu dans un état de folie collective. » (Gordon Matta-Clark, Interview par Donald Wall, 1976, in “Gordon Matta-Clark’s Building Dissections,” Gordon Matta-Clark: Works and Collected Writings, ed. Gloria Moure, Barcelona: Ediciones Poligrafa, 2006) (Source : Deidre Adams, Gordon Matta-Clark — Artist, Activist, Anarchitect)
À cette époque, une grande partie du travail de Matta-Clark impliquait un esprit communautaire, attirant l’attention sur le sort des pauvres et des sans-abris et impliquant des voisins et d’autres artistes dans la création de l’œuvre. Il avait plusieurs idées pour fabriquer des matériaux de construction à partir de bouteilles jetées, afin d’en fondre le verre, et d’autres déchets (Winter Garden, 1970), avec l’idée de développer certaines de ces idées dans des lieux de vie pour les sans-abri. Il a expliqué sa motivation :
-
« En tant que natif de New York, mon sens de la ville comme maison est profond… [et] mes attitudes sont encore plus aiguës en ce qui concerne la prise de conscience des conditions qui prévalent et de leur besoin d’amélioration. Parmi les conditions que ma formation et mon inclination personnelle m’ont appris à gérer, il y a la négligence et l’abandon. Il y a des mots qui, lorsqu’ils sont appliqués à des enfants ou à des êtres humains de tout âge, évoquent un profond appel à l’alarme et à la rectification, mais lorsqu’ils existent dans des proportions massives dans notre environnement urbain, ils n’évoquent qu’une ambivalence et une inaction bureaucratiques ou juridiques. » (Gordon Matta-Clark, notes from the Estate of Gordon Matta-Clark, cité in Judith Russi-Kirchner, “The Idea of Community in the Work of Gordon Matta-Clark,” in Gordon Matta-Clark, ed. Corinne Diserens, London, Phaidon Press Limited, 2003)
-
« Quand je détruis et déconstruit un bâtiment ou un édifice, je m’exprime contre de multiples aspects de la condition sociale : premièrement, j’ouvre un espace clos non seulement conditionné par nécessité mais également préconditionné par l’industrie qui inonde les villes et les banlieues de boîtes habitacles dans le but inavoué de s’assurer le concours d’un consommateur passif et isolé, et donc d’un public pratiquement et potentiellement captif. » (Gordon Matta-Clark, entretien réalisé par Donald Wall, mai 1976)
-
« Que certains bâtiments dont je me suis occupé se trouvent dans des ghettos noirs renforce en partie cette idée, même si je me refuse à établir une distinction absolue entre l’emprisonnement des pauvres et l’auto-cloisonnement remarquablement subtil des quartiers voisins, socio-économiquement plus favorisés. » (Gordon Matta-Clark, Ibid., mai 1976)
……………………..
……………………..
Graffiti Truck (Gordon Matta-Clark), 1973, South Bronx, Mercer St. :
Afin de contrer l’exploitation immobilière comme également l’isolationnisme qui en découle, Matta-Clark va s’intéresser à l’utilisation non-productiviste des espaces notamment par la fête (il le fera aussi plus tard et d’une toute autre façon au travers d’un de ses derniers projets concernant les parcelles délaissées, projet qu’il n’a pu terminer que nous nous proposons de reprendre et de continuer par le biais de La Pébipologie). Les actions collectives artistiques et les participations joyeuses et utopiques qu’elles déclenchent ouvrent pour lui de véritables espaces et situations et amènent à leurs réappropriations, c’est ainsi qu’il s’efforce d’associer à ses projets new-yorkais des marginaux, des sans-abris, des laissés pour compte, mais, la question serait à poursuivre : à savoir si de tels projets ont vraiment fonctionné, et selon quels types de critères.
Par le biais de photographies de graffiti qu’il prenait dans la ville (sa série intitulée Photoglyphs, 1973) pour énoncer que de telles actions étaient créatives et non vandales, il va élaborer un moment festif : Graffiti Truck.
Ainsi durant l’été 1973, il soumet une proposition d’exposition de ses photographies colorisées de graffitis dans le cadre de la Washington Square Art Fair. Sa proposition étant refusée, il décide, en guise de protestation puisque le Art Fair n’autorisait pas l’entrée aux graffeurs, d’organiser sa propre foire “Alternatives to Washington Square Art Fair” (Mercer St., New York) : consistant à installer ses photoglyphs sur des chevalets et de les exposer dans la rue.
Gordon Matta-Clark, “Untitled (Herman Meydag Inc)”, 1972. (Source 1, Source 2). Pour Matta-Clark, Meydag, ainsi dénommé par l’artiste, nom qu’il aurait emprunté à une entreprise d’emballage basée à Brooklyn, était une sorte de machine d’art mobile.
Pour préparer l’événement, il transporte son camion dans le sud du Bronx et invite les habitant.e.s du South Bronx à venir “tagger” et à recouvrir de graffitis sa propre voiture (une GMC General Motors Company Chevy Panel qu’il appelait Herman Meydag) et ainsi créer une œuvre collective, une œuvre manifestée. Puis il gare le véhicule dans la rue où a lieu l’exposition et le met en vente sous forme de pièces détachées, utilisant un chalumeau pour pratiquer instantanément les découpes nécessaires lorsqu’un amateur se présente (Source).
Mais personne semble-t-il n’achètera les morceaux de tôle peinte qu’il est prêt à vendre (sa critique de l’ostracisation des graffiti par ce festival tomberait-elle à plat ?). Il est possible que : “la dimension politique de Matta-Clark soit aussitôt effacée par sa présence dans le monde de l’art, par le discours esthétique porté sur lui ; c’est, au fond, un artiste radical, pas un révolutionnaire ni un militant dans la sphère sociale et politique” (article sur un blog du journal Le Monde).
Jessamyn Fiore, codirectrice de la succession Gordon Matta-Clark et fille de Jane Crawford, veuve de l’artiste, indique : que Gordon Matta-Clark souhaitait « que les gens prennent possession de leur espace plutôt que d’en être prisonnier » et qu’il « plaçait la justice sociale au cœur de son travail. »
Gordon Matta-Clark, “Truck Fragment”, 1973.
- En clin d’œil, indiquons à notre lectorat un article d’il y a quelques mois à propos de l’apparition de voitures étranges dans la ville de Saint-Nazaire.
……………………..
……………………..
Garbage Wall (Homesteading, an Exercise in Curbside living (Survival)) (Gordon Matta-Clark), 1970 (St. Mark Church) et 1971 (Brooklyn Bridge event) :
Gordon Matta-Clark en train de réaliser Garbage Wall sous le Brooklyn Bridge en 1971.
……………………..
……………………..
Matta-Clark a réalisé son premier Garbage Wall (mur de déchets) près de l’église St-Mark dans l’East Village en 1970 à partir de déchets et d’ordures ramassées dans les rues, sous le titre : Homesteading, an Exercise in Curbside Living (Vie simple, exercice de vie sur le trottoir). À l’occasion du premier Jour de la Terre, moment célébré tous les 22 avril depuis 1970 en tant que journée de sensibilisation à la protection de l’environnement, il organise un événement du 20 au 23 avril 1970. Les passant.e.s étaient invité.e.s à y participer en déposant des déchets urbains de toutes sortes qui étaient ensuite mêlés dans un moule avec du plâtre, du ciment et du goudron. Le mur résultant servait ensuite de toile de fond à diverses performances liées à la vie quotidienne.
- « Une fois que j’aurai construit ce mur, celui-ci offrira un décor pour quelques activités “domestiques” simples [et performées] : j’y travaillerai, j’y mangerai, j’y ferai le ménage, j’en entretiendrai les abords, ce sera là mon rôle dans la performance qui s’y déroulera […] Je louerai une benne à ordures pour enlever le mur et tous les accessoires. Le résultat final sera le cycle d’une rue-maison, issu des ordures et y retournant. »" (Gordon Matta-Clark, carnet de note) [note : propos qui amèneront à une œuvre suivante : Open House].
Mais Matta-Clark a vite vu que cette combinaison et mode de fabrication pourrait offrir des possibilités de logement bon marché et de fortune et, à la fois, de contribution à la communauté des sans-abris ; de toute façon, c’était quelque chose qui pouvait être fait par n’importe qui. Sans doute espérait-il que Garbage Wall servirait de catalyseur pour que d’autres que lui créent leurs propres structures de construction en utilisant des matériaux abandonnés. Après trois journées, le mur de déchets fut démantelé et ses morceaux jetés dans une benne à ordures.
……………………..
……………………..
Homeless man’s house
- Une expérience marquante a produit chez lui l’amorce de ce travail : sa rencontre, lors de ses trajets pour rentrer chez lui, avec un sans-abri vivant près du pont de Brooklyn et qui avait construit de façon élaborée un espace de vie (comprenant un poêle rudimentaire dans un fût et un lavabo) à partir de matériaux mis au rebut, des caisses de bois, des plaques, etc.. L’homme sans-abri a pu faire un usage créatif des matériaux qui étaient à sa disposition, façonnant un espace qui offrait un confort relatif, un élément d’intimité et un sentiment d’action et de dignité dans un environnement inhospitalier. Cette utilisation des déchets ou du quotidien a fait son chemin et Gordon Matta-Clark s’est mis à rechercher comment contribuer avec ses compétences (d’architecte) à une telle et réelle fabrique sociale pourtant ignorée. Cela donne lieu à Garbage Wall, un prototype d’unité d’habitat qu’il a donc réalisé comme nous l’avons vu à partir de ciment et de débris, et, dans une autre œuvre, à un espace de vie clos qu’il a assemblé à partir de voitures éventrées.
On remarque à gauche, Herman Meydag, la voiture de Matta-Clark.
……………………..
……………………..
Jacks
Gordon Matta-Clark, “Jacks”, 1971. Photographies Carol Goodden. Comme le “Garbage Wall” (1970), “Jacks” (1971) : assemblages de matériaux disparates (tas de ferraille, carcasses de voitures surélevées à l’aide de crics, branches) destinés à fournir des abris de protection aux sans-logis en s’inspirant des pratiques de constructions urbaines de survie, en marge et contre la politique immobilière visant à raser les habitations des anciens quartiers pour les remplacer par des buildings inabordables.
……………………..
……………………..
trees and cars
Gordon Matta-Clark, “Trees and Cars”, 1971-1972. Courtesy Harold Berg.
.
.
……………………..
……………………..
Brooklyn Bridge Event
Deux (trois en fait selon Jane Crawford) autres itérations de Garbage Wall ont été exécutées à New York du vivant de l’artiste : l’une à l’espace d’art alternatif 112 Greene Street d’octobre à décembre 1970 et l’autre, plus réduite, sous la forme d’une compression grillagée d’ordures ménagères et de journaux d’environ 170cm de large sur 70cm de haut, pour une exposition collective tenue sous le pont de Brooklyn en 1971 : Brooklyn Bridge Event.
Réalisé du 21 au 24 mai 1971 et organisé par Alanna Heiss, le Brooklyn Bridge Event se présentait finalement comme une exposition d’art contemporain pour fêter le 100ième anniversaire du Brooklyn Bridge liant Manhattan au quartier de Brooklyn. Toutefois n’ayant pas eu l’accord de la mairie à cause d’un contexte virulent de violentes manifestations quelques jours avant la publication dans la presse des Pentagone papers, tous les rassemblements essuyant des refus systématique, Alanna Heiss mentit sur la nature de l’événement en réclamant l’ouverture du site pour un tournage de film comprenant “une cinquantaine d’individus déguisés en artistes dégustant un pique-nique”.
Parmi les acteurs de cette imposture : Gordon Matta-Clark, Sol Lewitt, Georges Trakas, Carl André, Keith Sonnier, et Phillip Glass offrant un concert spécial pour la clôture de l’événement.
……………………..
……………………..
Fire Child
Cette dernière itération de Garbage Wall est mise en évidence dans le film de l’artiste Fire Child, qui documente cette action de construction [information sur le film] : Fire Child commence par montrer un homme (probablement sans abri) fouillant dans des tas d’ordures. Un enfant construit et allume un feu tandis que Matta-Clark rassemble les déchets et, avec des outils, les assemble concevant cet assemblable comme une sorte de refuge pour sans-abri..
Émergeant de ses observations et de sa réponse au déclin des infrastructures de New York et à la croissance de la population sans abri au cours des années 70, cette œuvre conceptuelle - que Matta-Clark avait l’intention de reconstruire et d’adapter à différents endroits en utilisant des ordures trouvées dans la ville spécifique dans laquelle elle était produite — est emblématique de l’intérêt que l’artiste a voué d’emblée à l’art, l’architecture, l’activisme politique et l’engagement civique. Imaginant qu’il pourrait mettre son savoir-faire d’architecte au service de formes d’abris durables, il fait de Garbage Wall un élément et une unité de construction que tout un chacun peut installer rapidement et à peu de frais.
Gordon Matta-Clark, “Garbage Wall, Homesteading, an Exercise in Curbside Living”, 1970.
Gordon Matta-Clark, notes de travail pour “Garbage Wall”, 1970. (Source : www.cca.qc.ca)
……………………..
……………………..
Site for Resource Center and Environmental Youth Program for Loisaida (Gordon Matta-Clark), 1977, Lower East Side, Manhattan, NY :
.
.
Le Site for Resource Center and Environmental Youth Program for Loisaida (centre de ressources et programme environnemental pour les jeunes du Lower Side) était un plan pour une organisation de développement communautaire composée d’artistes du Lower East Side à New York, qui a obtenu le soutien de la Fondation Guggenheim en 1976.
Son idée consistait à s’emparer d’un bâtiment abandonné et était de de créer une organisation (et une œuvre d’art). Le processus pour y parvenir représente la première étape de travail qu’il décrit dans son dossier : négocier les structures fiscales et foncières, rénover le bâtiment, équiper les espaces intérieurs. Le bâtiment deviendrait alors un site où se tiendraient des programmes et où seraient stockés des matériaux et des équipements donnés et récupérés pour les groupes communautaires locaux. Le programme pour les jeunes formerait des enfants et des adolescents locaux à gérer le centre, à rénover des bâtiments et à lancer d’autres projets d’amélioration de l’environnement dans le quartier.
Dans sa demande de bourse au Guggenheim, il a qualifié le programme de formation « d’école informelle de la rue » (“an informal school-of-the-streets”). Matta-Clark a remporté la bourse en 1977 et a utilisé l’argent pour acheter un immeuble sur East 2nd Street. Gordon Matta-Clark n’a pu développer ce projet jusqu’au bout à cause de sa maladie. Il mourut l’année suivante en août 1978, avant que le site ne puisse être entièrement nettoyé ou construit. Le projet était prometteur, et Matta-Clark est sans doute un précurseur visionnaire d’une grande partie de l’art de la pratique sociale d’aujourd’hui. Matta-Clark avait également engagé d’autres artistes pour y travailler. Mais cela ne s’est jamais fait sans lui et le projet a été arrêté.
Ce projet comme d’autres de la même période — (Arc de Triomphe for Workers - Proposal to the workers of Sesto San Giovanni (1975) [1] et Window Blow Out (1976) [2], [3], [4], et également la fondation d’un centre d’art dans le Bronx, ce dernier projet n’aboutira pas) — visait à dépasser le contexte de l’exposition et à s’immerger dans la vie quotidienne des communautés en difficulté afin d’y participer.
Frances Richard dans son article “Spacism” note : « Pourtant, dans leur contingence même, ces œuvres sont paradigmatiques de sa volonté d’embrasser l’effacement, l’échec et la propension des villes à engloutir et à paver leur histoire. Chaque œuvre le montre en train de réfléchir à l’énigme du maintien de l’autonomie créative tout en consacrant ses efforts à l’habitation partagée et à la responsabilité de l’espace bâti urbain. » Néanmoins, ajoute-t-elle, « Aucun de ces projets n’a réussi comme l’envisageait Matta-Clark. »
- « L’une des plus grandes influences sur moi en termes de nouvelles attitudes a été une expérience récente à Milan [le projet à Sesto San Giovanni]. En cherchant une usine à « découper », j’ai trouvé un vaste complexe industriel abandonné depuis longtemps qui était occupé de manière exubérante par un grand groupe de jeunes communistes radicaux. Ils avaient pris des courses en maintenant une section de l’usine pendant plus d’un mois. Leur programme était de résister à l’intervention des promoteurs immobiliers « laissez-faire » d’exploiter la propriété. Leur proposition était que la zone soit utilisée pour un centre de services communautaires indispensable. Mon exposition à cette confrontation a été mon premier éveil à faire mon travail, non pas dans l’isolement artistique, mais à travers un échange actif avec le souci des gens pour leur propre quartier. […] Mon objectif est d’étendre l’expérience milanaise aux États-Unis, en particulier dans les zones négligées de New York telles que le South Bronx où la ville attend juste que la condition sociale et physique se détériore à un point tel que l’arrondissement puisse réaménager l’ensemble de la zone. dans le parc industriel qu’ils veulent vraiment. Un projet spécifique pourrait être de travailler avec un groupe de jeunes du quartier existant et de les impliquer dans la conversion des trop nombreux bâtiments abandonnés en un espace social. De cette façon, les jeunes pourraient obtenir à la fois des informations pratiques sur la façon dont les bâtiments sont construits et, plus essentiellement, une expérience de première main avec un aspect de la possibilité très réelle de transformer leur espace. De cette façon, je pouvais adapter mon travail à un autre niveau encore de la situation donnée. Il ne s’agirait plus seulement d’un traitement personnel ou métaphorique du site, mais enfin sensible à la volonté expresse de ses occupants. » (Gordon Matta-Clark, in Donald Wall, “Gordon Matta-Clark’s Building Dissections,” Arts magazine (May 1976), 79)
Matta-Clark a travaillé avec des organisateurs communautaires du Lower East Side pour affiner l’idée, et le dossier déposé au Guggenheim répertorie ses amis artistes Suzanne Harris et Jene Highstein, ainsi que l’architecte Fraser Sinclair, en tant que collaborateurs qui aideraient à enseigner les techniques de construction aux jeunes participants. Robert Rauschenberg, Richard Serra et les conservateurs James Harithas et Kasper Koenig ont fourni des lettres de référence à la Fondation. La perspective de travailler avec des adolescents à risque correspondait clairement à l’évolution de ses intérêts politiques et créatifs. Il s’aidait tout en essayant d’aider les enfants noirs et portoricains. « C’est une leçon qu’il a apprise du bouddhisme », observe la veuve de Matta-Clark, la documentariste Jane Crawford. « L’énergie, si elle n’est pas canalisée positivement, peut devenir négative et destructrice. Alors il voulait… le canaliser vers quelque chose de plus positif, quelque chose « vers la lumière », comme il dirait. » (“Jane Crawford on Gordon Matta-Clark,” interview by Francesca Herndon-Consagra in Urban Alchemy, 15)
- « Le « but ultime » serait d’éduquer les jeunes de la communauté à prendre leurs propres décisions tout en exprimant des alternatives uniques et pratiques aux logements insalubres. […] En fonction de leurs intérêts individuels, les participants peuvent être aidés à gagner des bourses d’études pour les écoles. … Lorsque ni l’intérêt ni les exigences académiques ne sont présents, ils peuvent trouver du travail en créant une organisation communautaire de construction et d’entretien de bâtiments. Cette organisation ferait connaître et promouvoir les compétences de ses membres pour des emplois individuels tout en offrant des offres de construction et des contrats d’entretien à des prix compétitifs que les propriétaires locaux pourraient difficilement refuser. » (Gordon Matta-Clark, “A Resource Center and Environmental Youth Program for Loisaida: A Proposal by Gordon Matta-Clark,” Guggenheim Fellowship Application (1976), reproduced in facsimile in Gordon Matta-Clark: Urban Alchemy (St. Louis: The Pulitzer Foundation for the Arts, 2009))
Emplacement du site prévu pour le “Resource Center and Environmental Youth Program for Loisaida”.
Le dossier de demande de subvention déposé par Gordon Matta-Clark au Guggenheim, 1976. (Ouvrez les images dans un nouvel onglet pour pouvoir les consulter).
……………………..
……………………..
Plaza Cultural Garden
En 1976, Matta-Clark participa à l’élaboration d’un Community Garden, le jardin Plaza Cultural Garden (Plaza Cultural de Armando Perez Community Garden) situé dans le Lower East Side, Lot#30, 23 & 24, 632-636 E. 9th St. ([1], [2], [3]). Il réalisa notamment l’amphithéâtre encore présent dans le jardin.
-
Le jardin communautaire La Plaza Cultural de Armando Perez a été fondé en 1976 par des habitants et des militants écologistes qui ont se sont mis à occuper une série de terrains urbains vacants encombrés de gravats et d’ordures. Animés par l’effort d’améliorer le quartier à un moment de la baisse des incendies criminels, de la drogue et de l’abandon courant à cette époque, les membres du groupe latino CHARAS ont rempli des camions pleins de déchets. En collaboration avec Buckminster Fuller, ils ont construit un dôme géodésique sur la « place » ouverte et ont commencé à organiser des événements culturels. La pionnière des guérillas vertes (Green Guerillas), Liz Christy, a ensemencé le gazon avec des « bombes à graines » et a planté plusieurs saules pleureurs et tilleuls devenus imposants. L’artiste Gordon Matta-Clark a aidé à construire l’amphithéâtre de La Plaza en utilisant des traverses de chemin de fer et des matériaux récupérés sur des bâtiments abandonnés. (Source : https://www.opencity.com/laplazacultural/history/)
-
document : https://youtu.be/_g2CaF12xxw
-
document : http://www.laluchaartmakers.org/la-plaza-cultural
-
document Charas : https://www.latinxproject.nyu.edu/intervenxions/charas-and-the-reimagination-of-loisaida
-
document Liz Christy : https://potagersdantan.com/2016/02/13/liz-christy-mere-du-premier-jardin-communautaire/
(Références :)
- Sandrine Baudry, “Cultiver son jardin, s’inscrire dans la ville - Approche anthropologique des community gardens de New York City”, Université Paris VII, 2010, https://www.reseaucritiquesdeveloppementdurable.fr/wp-content/uploads/2014/03/Community_Gardens.pdf
(Références :)
- (Source : https://www.cca.qc.ca/fr/archives/370196/collection-gordon-matta-clark/368173/gordon-matta-clarks-notebooks-sketchbooks-address-books-and-artists-books/378227/notebooks-and-sketchbooks)
- (Source : https://www.davidzwirner.com/exhibitions/2018/gordon-matta-clark-0)
- (Source : Frances Richard, “Spacism,” Places Journal, March 2019. https://doi.org/10.22269/190305)
- (Source : Gerard Hovagimyan, Gordon Matta-Clark: A Remembrance, https://www.academia.edu/6408483/Gordon_Matta_Clark_A_Remembrance)
- (Source : http://www.lafuriaumana.it/index.php/62-archive/lfu-29/609-toni-d-angela-gordon-matta-clark-e-la-part-maudite-poetica-del-dispendio-politica-della-dispersione)
.
.
- —menu projet maison 105—
- (1) la maison 105
- (2) la maison 105 : tapie Clémence photographie
- (3) la maison 105 : manifeste
- (4) des maisons artistiques : maison féministe
- (5) d’autres maisons artistiques : maison mirages, maisons rivages, maisons passages
- (6) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : la maison découpée et anarchitecturée
- (7-1) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : trouer…
- (7-2) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : …et buter
- (8) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : les découpes et les murals
- (9-1) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : anarchitecture
- (9-2) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : anarchitecture : les portes
- (10) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : cabane, food et open house
- (10-2) ultime maison artistique : Gordon Matta-Clark : liste de références
.
.
.
.
- Catalogue des histoires pébipologiques :
.
.
- activation
- 105
- libre-lieu
- PLAT
- chantier
- matta-clark
- pébipologie
- les buttes
- bouddhisme
- les sculptures
- les superpositions
- architecture