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2021-06-01 - apparition : ça projète au 105 : l'ultime maison artistique (6) : ÉTUDE PÉBIPOLOGIQUE : Gordon Matta-Clark : la maison découpée et anarchitecturée

Gordon Matta-Clark (1943-1978) :

  • Splitting House (1974)

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Splitting House (Gordon Matta-Clark), 1974, 332 Humphrey street, Englewood, New Jersey :















Gordon Matta-Clark, Splitting, 1974, 10:50 min, b&w and color, silent, Super 8mm film on video.

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Gordon Matta Clark ( né le 22 Juin 1943, décédé le 27 août 1978) est un artiste Franco Américain connu pour ses œuvres in situ réalisées dans les années 70, appelées Building cuts. Son travail est basé sur la découpe de bâtiments voués à la déconstruction.

Contrairement aux principes de construction conventionnels, Matta Clark déconstruit, laissant apparaitre le découpage, le déchiquetage, les entailles et les parties traditionnellement cachées.
Souvent vu comme une référence architecturale, à tort, il est plutôt le pionnier du concept d’anarchitecture… un processus de mise en déséquilibre de l’espace-temps perceptif, basé sur l’inversion de la procédure classique de construction.

La notion d’anarchitecture fut décrite par Mary Jane Jacob (dans “Gordon Matta-Clark A Retrospective”, exhibition, Museum of Contemporary Art, Chicago, 1985) comme :

  • « une approche anarchique de l’architecture, 1/ marquée physiquement comme un effondrement des conventions à travers une méthode de « déconstruction » ou de « déstructuration » au lieu de créer une structure architecturale, et 2/ marquée philosophiquement comme une approche révolutionnaire qui cherche à révéler, grâce à l’art, les problèmes sociaux. »

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Splitting montre la découpe d’un bâtiment autant de l’intérieur que de l’extérieur.

La maison se trouvait à Englewood, dans la périphérie du New Jersey, dans un quartier en plein réaménagement où quelques maisons restaient debout. Elle avait été conçue pour deux familles, et deux couples y avaient habité sous le même toit et dans le même espace divisé.
Matta-Clark a eu l’idée subtile de partager la maison en deux à l’aide d’une scie électrique, en séparant les murs avec ses propres mains, sans penser vraiment qu’elle pourrait s’effondrer quand il aurait enlevé la dernière pierre à chaque angle. Pendant ces six semaines et comme souvent quand Gordon travaillait, c’était devenu une mise en scène, à laquelle assistait un « public occasionnel ». L’événement avait quelque chose de théâtral et d’une certaine chorégraphie, voire d’une scène burlesque alla Buster Keaton :

  • « La maison se comportait très bien, sans un gémissement, comme une réponse aux cris des chats et à l’affaissement… elle s’affaissa merveilleusement… comme un couple qui danse parfaitement ». (Gordon Matta-Clark, « En ouvrant le bâtiment de la rue Humphrey », interview avec Liza Bear, mai 1974)

(Source : Andrea Franco, “Gordon Matta-Clark : Un cadre sans limites”, traduit de l’espagnol par Vivianne Callendret)

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L’artiste fit quelques modifications supplémentaires au premier étage. À l’endroit où le plafond et les murs extérieurs se touchaient dans chaque coin, il fit une découpe de six cotés, avec six angles droits.

L’ensemble de la réalisation fut, comme pour chacune des œuvres de l’artiste, totalement documenté. Photographies, films 8mm, Matta Clark traduisait chacune de ses interventions, chaque étape du travail sur la maison par des images, « pour que la pièce ait aussi une extension photographique. »
Les photomontages réalisés pour Splitting retraduisent l’espace, articulés à l’image du travail final de Matta Clark sur cette maison qui devait être démolie pour laisser place à un projet de rénovation urbaine qui ne fut jamais achevé.

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  • “Oh je vois… En fait, vous avez amené de la lumière et de l’air dans un espace qui en manquait."
    (remarque d’un concierge devant l’œuvre Conical Intersect, réalisée en 1975 lors de la Biennale de Paris)
  • Voici la citation intégrale :

— Journaliste : Vous avez dit précédemment que votre œuvre à Paris avait rencontré quelques réactions négatives. C’était rue Beaubourg, n’est-ce pas ?
— Gordon Matta-Clark : « Les critiques venaient d’une étudiante. Sa réaction était tout à fait légitime. Elle me disait en gros que mon intervention était une connerie. Qu’il n’y avait aucune raison pour que ces bâtiments – qui sont des espaces dont les gens ont besoin parce qu’il n’y a pas assez de logements à Paris > – deviennent des objets d’art. Je suis en partie d’accord avec elle, si ce n’est qu’à l’époque, le bâtiment était totalement à l’abandon et que la nature de mon travail n’entrait pas en contradiction… La réaction que j’ai préférée venait d’une concierge, une personne très simple qui habitait dans le coin. Elle avait un avis très pragmatique sur la question, elle m’a dit : « Oh, je vois… En fait, vous avez amené de la lumière et de l’air dans un espace qui en manquait ».

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bonus :

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Gordon Matta-Clark au travail sur la maison située à Englewood, New Jersey, et utilisée pour réaliser Splitting, 1974.

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second bonus :

  • regardez la vidéo : Gordon Matta-Clark au travail lors “Conical Intersect”, en 1975 à Paris : Rencontre avec l’artiste Gordon Matta-Clark en 1975 à la Biennale de Paris, il parle du lieu situé entre les Halles et le futur centre Georges Pompidou pour mettre en œuvre son projet. Ce film est un témoignage sur cette œuvre éphémère. GH et Gordon au travail. Un film de Marc Petitjean, septembre 1975.

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https://89.projetneuf.cc/images/2021-06-105-matta/matta-paris.mp4

visionnez ici le film en entier - Intersection conique, un film de Marc Petitjean, 11 mn, 1975. (Source)

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(Références :)

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