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2022-02-28 - Point pébipologique : brouillard éternel et salé
De la corne de brume aux draps de brouillard :
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[…] dans la matinée, après une série de jours doux, il avait fait un brouillard froid qui ne s’était levé que vers midi. Or, un changement de temps suffit à recréer le monde et nous-mêmes.[…] le monde nouveau dans lequel le brouillard de ce matin m’avait plongé était un monde déjà connu de moi (ce qui ne lui donnait que plus de vérité), et oublié depuis quelque temps (ce qui lui rendait toute sa fraîcheur). Et je pus regarder quelques-uns des tableaux de brume que ma mémoire avait acquis, notamment des « Matins à Doncières », soit le premier jour au quartier, soit une autre fois, dans un château voisin où Saint-Loup m’avait emmené passer vingt-quatre heures : de la fenêtre dont j’avais soulevé les rideaux à l’aube, avant de me recoucher, dans le premier un cavalier, dans le second… un cocher en train d’astiquer une courroie.
[…] je me laissais envahir par l’atmosphère qu’il dégageait, comme la fin de certaines après-midi ouatées en gris perle par un brouillard vaporeux […]
(Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Tome 7 (1921),Le Côté de Guermantes II, chapitre 2, p. 209-210)
- https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_%C3%80_la_recherche_du_temps_perdu_%C3%A9dition_1919_tome_7.djvu/211
- (Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Tome 11 (1923),La Prisonnière, chapitre 1 Vie en commun avec Albertine, p. 39)
- https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Proust_-_La_Prisonni%C3%A8re,_tome_1.djvu/41
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Aube -
La blancheur d’une blanchaille
longue d’un pouce
- (Haiku de Bashô Matsuo)
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Claude Monet, Chemin dans le brouillard, 1879, 59.5 x 73 cm.
Claude Monet, Brouillard matinal (à Giverny), 1888, 59.5 x 73 cm. (peupliers de la Plaine des Essarts)
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La plaine des Essarts, qui s’étend entre les deux bras de l’Epte jusqu’à la Seine, à droite de la route qui conduit à Limetz, est vue ici au lieu-dit Cossy (ancien cadastre) en regardant vers les hauteurs de Port-Villez dont on distingue le Gibet, à gauche. Avec leurs arbres isolés ou en bouquets plus nombreux autrefois qu’aujourd’hui, les Essarts ont servi de cadre à un grand nombre de toiles animées de figures, notamment en 1887 et 1888.
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La chaleur du coloris n’est plus chez Monet une métaphore car les sens ici ne font plus qu’un et Verhaeren devine “la chaleur des sèves” dans un monde “tiède comme en une serre”. Le monde de Monet est un monde estival, où les fleurs et le brouillard matinal laissent présager des journées longues et magnifiques, des récoltes superbes. (Charles Maingon, Émile Verhaeren critique d’art, 1983).
- https://archive.org/stream/c.rclaudemonettomevwildensteininstitute/C.R_Claude_Monet_Tome_V_Wildenstein_Institute_djvu.txt
- https://archive.org/stream/c.rclaudemonettomeiiiwildensteininstitute/C.R_Claude_Monet_Tome_III_Wildenstein_Institute_djvu.txt