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2021-12-04 - apparition : Point pébipologique : le lac crame
La vision pébipologique du jour :
- Après l’aplanissement des buttes par d’obscures taupes, le lac crame au delà du plongeoir.
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« … Il ne croit
En rien, refuse les croyances, est insensible à la foi,
Il se méfie de la raison. Le monde, pour lui,
N’est qu’une aventure aléatoire, une trame
Sans chaîne… Il vit à l’aveuglette
Comme une taupe aveugle ! Tout comme
L’amibe tend vers la lumière, sa pensée
Tend vers la vérité…
Il a peu de lectures, et pourtant
Il sait des choses… Mais que sait-il ?
Il a un savoir.
Mais quel savoir ?
Peut-être pressent-il quelque chose…
Peut-être discerne-t-il quelque chose… »
(Witold Gombrowicz, L’Histoire (opérette), 1951-1958) (Source : https://witoldgombrowicz.com/fr/wgoeuvre/theatre/l-histoire/l-histoire-travaux-critiques/l-histoire-jelenski-witold-le-heros-et-l-auteur)
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Albert Bierstadt (1830-1902), A Storm in the Rocky Mountains, Mt. Rosalie, 1866. Brooklyn Museum.
Cette œuvre a été précisément étudiée par l’historienne de l’art Estelle Zhong Mengual dans son livre “Apprendre à voir, le point de vue du vivant” (2019), pp.133-177 :
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La composition nous laisse entrevoir l’orage “en train de se dérouler”, provoquant des éboulis, déracinant les arbres, inondant les pentes jusqu’à gonfler le lac. L’accent sur le dévalement permet ainsi d’introduire le “temps” dans le tableau, enjeu toujours délicat pour un peintre qui a affaire à un espace unique (la surface) et une image figée. […] Bierstadt représente le moment juste avant l’orage, tout en nous donnant à entrevoir son éclatement, “via” la dynamique de dévalement. […] L’imminence de l’orage fait scène, façonne la composition, raconte quelque chose, non pas parce qu’il affecte les humains (qui semblent peu alarmés), mais parce qu’il atteint le “paysage” autour de lui. En traitant l’orage comme une narration non humaine “via” le procédé de l’instant fécond, Bierstadt transforme la peinture de paysage en une peinture d’histoire : plus précisément, en un peinture d’histoire de ce paysage. (pp. 153-157)
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Du point de vue du lac, on dira qu’il crame là aussi.
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De même on en vient à une peinture de Gustave Doré, dans un tout autre registre… :
Gustave Doré (1832-1883), Paysage d’Écosse, 1881. Caen, Musée des Beaux-Arts.
- Et là encore, le lac est tout cramé.
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