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2020-05-22 - apparition : l'arbre enrhumé
Florelle fait du yarn bombing (tricot-graffiti ou tricot urbain).
Né en 2005 aux États-Unis à l’initiative de Magda Sayeg, la pratique s’est ensuite largement diffusée, notamment en Europe. À l’époque, la jeune Magda Sayeg a l’envie d’habiller une poignée de porte avec du tricot. Voyant le grand amusement des passants devant sa création, elle s’attaque ensuite à des panneaux de circulation et même à un bus. Rapidement, des groupes se mettent à l’imiter dans tout le pays. Le « Yarn bombing » investit la rue en utilisant et en recouvrant le mobilier urbain de fil : bancs, escaliers, ponts, mais aussi des éléments de paysage naturel comme les troncs d’arbre, ainsi que les sculptures dans les places ou les jardins. L’un des objectifs est d’habiller les lieux publics en les rendant moins impersonnels, en les humanisant et en suscitant la réaction des passants.
Dans certains pays, notamment les États-Unis, le « Yarn bombing » sauvage reste une pratique illégale. En Europe, c’est à Londres qu’a eu lieu la première aventure de tricot collectif, appelée « Knit the City » (« Tricote la ville »), depuis on note de nombreuses actions similaires un peu partout dans le monde. Preuve de cette tendance, depuis juin 2015, le terme « yarn-bombing » est présent dans l’English Oxford Dictionary avec la définition suivante : « The action or practice of covering or decorating public objects or monuments with colourful knitted or crocheted items and motifs, as a form of street art. ; an instance of this. Also : street art consisting of objects civered or decorated this way ». (Source)
Les projets de ces groupes de tricoteur.se.s peuvent durer plusieurs mois. Soazig, tricoteuse nantaise surnommée « Une fille à frange », a fait partie de plusieurs d’entre eux : « Il y a d’abord la réflexion, le choix de l’endroit puis la récolte de la laine via des amis ou des ressourceries. Ensuite, il y a les soirées d’initiation et de cours pour les membres du groupe qui découvrent le tricot, puis les après-midi ou les pique-niques de tricot… Tout ça peut prendre très, très longtemps, comme notre dernier projet qui a consisté à habiller une rue entière de Nantes. Par contre, elles ne durent souvent pas longtemps parce que les gens prennent rapidement nos créations. »
Aujourd’hui, le yarn bombing est devenu un nouveau mode d’expression urbain et un véritable art de rue. Il y a quelques mois, Magda Sayeg analysait, lors d’une conférence, les raisons du succès du mouvement qu’elle a initié et qui la dépasse aujourd’hui :
« Nous vivons tous dans un monde numérique où tout va vite mais nous désirons quelque chose qui ait du sens. Je pense que nous avons perdu notre sensibilité à force de vivre dans des villes disproportionnées, à cause de tous ces panneaux publicitaires, de ces parkings gigantesques. Nous ne nous plaignons même plus de tout ça maintenant. Alors, quand vous découvrez un panneau stop enveloppé d’un tricot, cela paraît tellement décalé, et petit à petit – bizarrement – cela commence à vous parler, et c’est ce moment. C’est ce moment que j’aime, ce moment que j’ai partagé avec les autres. […] Si je raconte mon histoire aujourd’hui, c’est aussi pour tenter de vous convaincre que même les plus modestes recèlent en eux une forte énergie et des talents cachés qui n’attendent que d’être découverts. »
(Source)
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Elvira et Stan étudie le yarn bombing effectué par Florelle.
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Yarn bombing
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à droite : Un arbre tricoté (Santa Barbara, États-Unis).
Yarn bombing à Mendoza (Argentine) et à Santiago (Chili).