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2020-04-03 - apparition : au 105 : des mondes d'hier
au 105
Madame
Monsieur
Avant
Après
Grosse couette ensoleillée
et toilette de chat
Caroline en songe
et Jérôme en avant
Le printemps
en hommage à Cat Jillian Guiler.
- Stefan Zweig, Le Monde d’hier, 1943.
- En intitulant son grand livre testamentaire Le Monde d’hier, Zweig insiste plus que ne le fait la langue française sur la “proximité” personnelle de cet “hier” englouti, dans le même temps que le déictique “le” élargit aux dimensions du monde entier l’univers humain, politique et culturel de la double monarchie austro-hongroise : comme si l’auteur avait pressenti outre la nature universelle de la catastrophe en cours dont son pays natal était l’épicentre, l’intégration progressive de cet univers dans un monde “globalisé” (l’allemand a conservé ce mot anglais auquel le français a substitué “mondialisé”) où il n’existerait plus de zones vivant pour soi dans un équilibre intérieur et une apparente sécurité, après un long cycle de désastres inclinant l’opinion générale à regretter la disparition d’une mythique Cacanie, Atlantide idyllique et bonhomme encore visible sur les seize images-seconde des vieilles actualités en noir et blanc, dont Zweig sait débusquer, à l’occasion, la part d’ombre.
- “Tel fut le premier jour. Puis il en vint d’autres, clairs et sombres, ennuyeux et vides, vient tout le temps roulant de la guerre, dont je ne parle pas. Tandis que j’écris ces lignes, sa main écrit d’une écriture plus dure et plus sanglante sa chronique de bronze, et nous n’en sommes encore qu’au commencement du commencement. C’est seulement quand elle sera finie, qu’il conviendra pour nous de recommencer.” (manuscrit, fin du dernier chapitre, L’Agonie de la paix ; phrases non reprises dans l’édition définitive).