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2019-11-19 - une apparition : épreuve de réapparition au travers de l'inondation
Une dernière sculpture, celle d’une série de trois, m’est donnée à photographier.
Je l’avais déjà aperçue, inachevée à l’époque et dans un autre lieu, peu de temps avant un départ, départ de cette sculpture, départ de ces lieux qui l’avaient faite naître.
Un long moment disparue.
Exilée, et probablement à l’étroit dans son logement.
Effacée à l’oeil nu, évaporée en d’innombrables pensées, à l’évidence jamais évanouies.
Voilà qu’elle réapparaît.
D’abord avec réserve et discrétion, en une manière souterraine.
Le sous sol d’un nouveau lieu pour sa mise au jour.
On y descend, à tâtons.
La porte entrebâillée laisse une lueur s’échapper.
La sculpture se découvre comme on ouvre un écrin, luminescente, dissimulant presque ses accroches, qui la laisse flottante dans l’espace haut de ce souterrain.
Il fallait garder trace photographique de cette étape finale : la sculpture peinte, ce bleu, ses mises en lumière, sa suspension, comme en lévitation et cette idée qu’elle aurait pu être sauvée des eaux venues s’infiltrer abondamment.
Cet incident allait bientôt accompagner sa ré-apparition.
La sculpture.
On peut encore entendre le son de l’eau dont elle s’extirpe.
C’est de cette révélation dont il s’agit.
Ce bain qui l’annonce ou la rappelle, sorte de chimie mémorielle ou révélateur, opère mécaniquement en un mouvement d’inversion.
La fouille débute.
Autre temps.
Processus de ré-apparition.
Image renversée, présence fantôme et sourde, elle porte les contours de sa forme presque archéologique.
Si elle semble tout à fait excavée au dessus, libérant ses incroyables déplis, ses décollements successifs plans après plans, laissant le temps se dérouler et circuler la lumière, dans cette profondeur de champ étonnamment physique… ,
elle est trouble en dessous, ramassée comme repliée, les détails disparus en une forme du souvenir.
La perspective déployée au-dessus retrouve son plan.
Tantôt déviée, décentrée, tantôt bousculée ou précipitée vers la scène par le manque de lumière, je ne suis jamais à bonne distance.
Apparitions et disparitions se confondent et se superposent.
Les ajustements sont vains, les épreuves s’accumulent au milieu des remous.
Cette sculpture est probablement le dernier souvenir d’un lieu quitté un peu dans la précipitation, elle est aussi la première qui inaugure mon entrée dans ces nouveaux lieux. Merci à son auteur.
Texte et photos : Clémence Cortella
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Par ailleurs…
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et…
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3e épreuve de réapparition, 2e installation in situ.
Papier mâché, terre, 2010, Stanislas Deveau.