LE PROJET NEUF
2023-07-03/08-10 - prolégomènes III-M au ouesterne : zapper kafka à kaffa (commentaires : chapeau-mélan-léman)
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Études pébipologiques.
La mélancolie du Léman
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chronologie des prolégomènes :
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Le menu de ce chapitre :
- 24 ‒ introduction : A.R., Er, Harrar, Aden
- 25 ‒ Premier point : le chapeau-mélan-léman : le chapeau de Marcel
- 26 ‒ Deuxième point : la photo truquée : le chapeau d’Arthur
- 27 ‒ Troisième point : naviguer en eaux troubles : Chris Burden
- 28 ‒ Quatrième point : la problématique du cliché dans le ouesterne : Johnny Hawks et Briggs
- 29 ‒ Cinquième point : Er de Kafka
- 30 ‒ Sixième point : question : les prolégomènes
- 31 ‒ Septième point : les processus d’écriture
- 32 ‒ Huitième point : le carnet de Kafka
- (image frontispice : le fameux couvre-chef “deerstalker”, emblématique du détective Sherlock Holmes qui lui aussi, à l’instar de Tom Mix, ne semble jamais s’en séparer, ceci pour indiquer qu’à présent dans les prochains articles Spinoza Spinola mène l’enquête.)
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25
Premier point :
Le Chapeau-Léman Proust mélan
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Élément sur la table :
‒ Le chapeau de Marcel Proust à Évian-les-Bains en septembre 1905 (dès 28 ans Proust souffrait d’asthme et fumait beaucoup trop), lors de l’un de ses séjours à l'Hôtel Splendide face au lac Léman — d’où le principe de lémancolie développé par La Pébipologie (et que nous avons abordé là).
La Pébipologie aborde d’ailleurs ce terme d’une façon plus large que celle décrite par Héloïse Pocry :
Lémancolie, nom féminin, néologisme romand emprunté à l’exposition Lemancolia:
1. Mal du pays des lémaniques lorsque le lac est hors de leur vue trop longtemps.
2. Prière méditative devant un paysage aussi sublime qu’insaisissable.
3. Oscillation constante entre émerveillement et mélancolie à observer le monde.
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Donc le chapeau de M.P. … :
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… avec lequel on tente de repérer les liens entre ce chapeau, cette position assise un peu renfrognée, le regard posé au loin (vers nous), avec autour ces arbres et ce qu’on devine un parc ou un sanatorium, ce qui apporte cette nuance perceptible de lémancolie…
- ‒ « En apercevant ainsi la mer (c’est presque la mer à cette heure-là) au bout de la route qu’il parcourt du trot rapide du cheval, Jean s’est aussitôt souvenu. Et voici qu’il la voit belle, qu’il en sent le charme, de cette mer d’autrefois, en la retrouvant là devant lui. […] Entre le lac qu’il voit et lui, qu’y a-t-il donc qui n’était pas entre la mer et lui, qui ne serait pas entre le lac et lui s’il n’avait pas été autrefois ainsi à la mer ? Serait-ce que la beauté, le bonheur pour le poète, c’est dans cette substance invisible qu’on peut appeler l’imagination, qui ne peut s’appliquer à la réalité présente, qui ne peut s’appliquer non plus à la réalité passée que nous rend la mémoire, et qui flotte seulement autour de la réalité passée qui se trouve prise dans une réalité présente ? De sorte qu’entre l’oeil qui la voit, qui la voit aujourd’hui et autrefois, flotte cette imagination divine, qui est peut-être notre joie et que nous trouvons dans les livres et si difficilement autour de nous. Ce lac qui est devant moi n’est plus un spectacle dont j’aie à chercher la beauté, c’est l’image d’une vie longtemps vécue et dont la beauté et le charme [retentissent] trop vivement dans mon cœur pour que j’aie besoin de chercher en quoi elle consiste. C’est par-delà le spectacle indifférent de la vie présente, de trouver tout d’un coup dans le souvenir ressuscité du passé, le sentiment qui l’animait, un charme d’imagination qui nous attache définitivement à la vie et nous incorpore, comme si notre passé laissé fuir par la jouissance, incompris par la pensée, présenté si vague par la mémoire était à jamais ressaisi par la contemplation. Ce sont là les belles heures de la vie du poète, celles où le hasard met sur son chemin une sensation qui enferme un passé et qui permette à son imagination de faire connaissance avec le passé qu’elle n’avait pas connu, qui n’était pas tombé sous son regard, et l’intelligence, l’effort, le désir, rien ne pouvait lui faire connaître. Il lui fallait le souvenir, non point précisément le souvenir, mais la transmutation du souvenir en une réalité directement sentie. »
(Marcel Proust, Jean Santeuil (1895-1899, inachevé), « Beg-Meil », pp.398–399)
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Plusieurs pistes sont à retrouver ici :
- — https://www.citedevian.fr/hotel-splendide-splendid-hotel-evian-les-bains/ ;
- — http://comtessedenoailles.blogspot.com/2015/04/marcel-proust-evian.html ;
- — http://www.hicsum-hicmaneo.com/article-marcel-proust-au-bord-du-lac-de-geneve-par-timothy-shaw-118911425.html ;
- https://www.hotelslitteraires.fr/2019/12/03/conference-proust-et-les-hotels-par-jacques-letertre/
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De toutes les façons, lui-même, M.P., avait fait ce lien entre Beg Meil et le Léman. On le note ci-dessous et on y reviendra plus tard.
- ‒ « D’un côté il y a la mer, très bretonne et triste. De l’autre la baie de Concarneau, qui est bleue avec un fond de décor tout à fait lac de Genève. »
(Lettre de Marcel Proust à Albert Aublet, Beg-Meil, 11 septembre 1895) (Source)
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En parallèle, on garde sous le coude, cette coïncidence que le terme “Splendide” déclenche : entre l'Histoire Splendide de Rimbaud et l'Hôtel Splendide à Évian, comme si un lien naissait entre d’un côté, la promesse d’un capharnaüm, et de l’autre, la parenthèse d’un sanatorium.
Est-ce donc ainsi que M.P. trouva le premier titre du dernier volume de sa “Recherche” : “L’Adoration perpétuelle” (Source2 ; Source3) ? Tout cela peut laisser notre humeur dans une brume rêveuse.
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