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2021-03-22 - La Pébipologie : au cœur de la turbine d'un art lent
Entrer au cœur de La Pébipologie :
si l’on remonte le temps :
détourée en son début comme
une dé-exposition collective transitionnelle par ses artistes :
qui fait que
en deça du réel qui crée des fictions, l’art reconstruit le réel
par Tavara Fuente Jorp & Peter Junof (TFJ & PJ)
- (tel.le.s qu’il.elle.s, Tavara, Peter, apparaissent : des artistes au Libre-Lieu :
- ces ateliers et espaces laboratoire de création artistique pluridisciplinaire, au Projet Neuf, bâtiment 89, lieu réaffecté dans un quartier en transition : le Moulin du Pé, à Saint-Nazaire)
- une proposition, née ici, à Saint-Nazaire, en janvier 2020,
- pour BIP#12, la Biennale de l’Image Possible, à Liège, en Belgique, et prévue en automne 2020 et pour laquelle la proposition n’a pas été retenue.
(lire le préambule rédigé en janvier 2020)
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- Toutefois, on l’a vu, têtu.e.s et opiniâtres, les deux artistes n’ont rien lâché, la proposition est devenue peu à peu œuvre, est devenue gigantesque et incommensurable, œuvre-ruche, œuvre-milieu, œuvre-lente ; non pas qu’elle soit sans fin et résolument interminable, mais il faut tout simplement se donner le temps et prendre l’espace pour l’explorer à fond et lui donner une dimension qui ne peut être que la sienne. La Pébipologie est un art lent.
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Et pour une fois, Tavara Fuente Jorp & Peter Junof ouvrent leurs dossiers :
C’est la chronique du jour :
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on peut voir ainsi de façon cryptée ou cryptique comment les choses se déduisent ou s’induisent à partir d’une chronologie et des notions-clefs, tels des leviers certainement biographiques, vivants et animés :
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alors on voit plein de choses, beaucoup plus que d’habitude
= la cascade, le lac, la haie, la chute, les échecs, la fatigue, l'aventure, l'ennui, le sérieux, l'oisiveté, la vue, la double-vue, le sanatorium, le ouestern, tout cela, etc.
il suffit en effet de regarder de plus près tous leurs mots-clefs pour s’en rendre compte : -
car le duo zigzague, sillonne, crapahute, tout en passant par des approches, plus ou moins indécises ou incertaines,
- du pourquoi tout est rose,
- du comment s’érige le MIP,
- du comment arrivent les bips,
- et d’où le P,
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en ne cessant inéluctablement de se poser des questions sur le parcellaire, la lémancolie, le clignotant, les geysers, les superpositions, et sur toutes les irisations furtives et la pléthore de corps flottants qui continuellement animent la vue et l’esprit.
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Une véritable plongée dans un monde qu’on dira fascinant ou bien tout simplement délirant tant il vient coller, de manière inavouée, à toutes nos réalités.
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En voici des esquisses :
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Alors, nous-mêmes, nous nous questionnons :
- mais quelles sont ces vues ? quelle est cette vue qui est la nôtre ? que voit-on ?
- on fouille et on tente de trouver des réponses dans des ouvrages :
- ne recouvre-t-on pas la vue ?
- n’a-t-on pas la vue double ?
- n’est-on pas fasciné.e par les lucioles ?
- n’imagine-t-on pas un monde qui roule ? n’est-on pas en bus ?
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la vue
vu, vu, re-vu et re-re-vu…
Raymond Roussel : La Vue (une foule en bord de mer), Le Concert (un kiosque à musique en plein air, l’orchestre et ses musiciens), La Source (les curistes d’une station thermale), 1904.
Quelquefois un reflet momentané s’allume
Dans la vue enchâssée au fond du porte-plume
Contre lequel mon œil bien ouvert est collé
À très peu de distance, à peine reculé ;
La vue est mise dans une boule de verre
Petite et cependant visible qui s’enserre
Dans le haut, presque au bout du porte-plume blanc
Où l’encre rouge a fait des tâches, comme en sang.
La vue est une très fine photographie
Imperceptible, sans doute, si l’on se fie
À la grosseur de son verre dont le morceau
Est dépoli sur un des côtés, au verso ;
Mais tout enfle quand l’œil plus curieux s’approche
Suffisamment pour qu’un cil par moments s’accroche.
la doublure
tout se double et se dédouble… Raymond Roussel : La Doublure, 1897.
“Il est donc bouché ton fourreau ?”
Ça redouble,
Et devant ce gros rire augmentant qui le trouble,
Gaspard exaspéré, sans forces, se retient
De tout abandonner pour sortir. Il parvient
Juste, à trouver enfin l’orifice ; bien vite
Il enfonce le fer entier. Mais on profite
De la chose, en public, pour faire de nouveau
Du bruit. On applaudit ; les cris “bis” et “bravo”
Se mêlent au coups sourds des cannes. L’avanie
Énorme qu’on lui fait, et toute l’ironie
Qu’il sent dans ce succès, atterrent Gaspard. Tant
Que le tumulte dure, impassible il attend,
Les bras croisés.
l’allée aux lucioles
(Lire un extrait du livre) (1914, inachevé)
Voici la lice, dit Clur… en me montrant vers notre droite, à travers de proches feuillages qui nous en dérobaient à demi la vue, une grande piste à laquelle aboutissait, par une courbe régulière, l’allée ombragée que nous descendions tous deux.
Quelques pas plus loin nous franchîmes la lisière du massif qui nous enveloppait et continuâmes de suivre notre allée parmi des pelouses émaillées de fleurs.
La lice, dès lors, s’offrait sans obstacle à nos regards.
C’était une vaste esplanade en sable fin, très unie, décrivant avec son pourtour, constitué par un petit mur de pierre qu’on eût facilement enjambé, une ellipse peu allongée dont le grand axe pouvait mesurer un hectomètre. De toutes parts cet ample espace était environné de pelouses fleuries où serpentaient des allées.
la maison roulante
“La maison roulante de M. Raymond Roussel”, revue du Touring club de France (numéro 381?), août 1926. — (à lire ici) — (et également ici) et (là)
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- Ne serait-ce pas lui finalement le directeur, l’habitant et le résident de cette “maison du directeur”, qu’on a nommée maintenant 89 ?
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