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2020-08-17 - OPEN SUMMER #1 - ép.18 : apparition : Le fantôme
Depuis quelques mois, un fantôme de cellophane rôde au P9. Il réapparaît au moment du départ de Pauline et de Hugues.
Plusieurs semaines après, il s’installera dans la salle de bains.
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[…] je découvris que j’avais perdu le souffle.
Les phrases, « le souffle me manque », ou « j’ai perdu le souffle » etc., se répètent assez souvent dans la conversation usuelle ; mais je ne m’étais jamais imaginé que cette terrible infortune, dont on parle tant, pût réellement et bona fide se produire. Imaginez donc, si vous avez un tour d’esprit imaginatif, imaginez, dis-je, mon étonnement, ma consternation, mon désespoir.
Fermant soigneusement la porte après moi, j’entrepris de persévérantes recherches. Il était possible que, caché dans quelque coin obscur, tapi dans un tiroir ou une armoire, l’objet que j’avais perdu se retrouvât. Il pouvait avoir une forme vaporeuse ou même une forme tangible. Bien des philosophes, sur bien des points de philosophie, sont très-peu philosophiques. William Godwin dit cependant dans son Mandeville que « les choses invisibles sont les seules réelles. » Cela s’appliquait parfaitement à mon cas. Je voudrais que le lecteur y regardât à deux fois avant de reprocher à mes assertions une dose trop forte d’absurdité. Anaxagoras, qu’on s’en souvienne, maintint que la neige était noire, et depuis, j’ai trouvé qu’il avait raison.
[…] Un jeune praticien appliqua un miroir de poche à ma bouche et me trouva sans souffle ; l’assertion de mon persécuteur fut prononcée vraie. […] « Indigne, répétai-je, de toute commisération sur terre. Qui, en effet, songerait à plaindre une ombre ? » […] Je ne puis terminer ces détails sur quelques incidents singuliers de ma vie, qui fut de tout temps suffisamment aventureuse, sans de nouveau rappeler à l’attention du lecteur les mérites de cette philosophie sans finesse, de ce bouclier sûr, seul capable de nous garantir contre certains coups de la fortune, qui ne peuvent être ni vus, ni ressentis, ni parfaitement compris.
Edgar Allan Poe (1809-1849), L’Homme sans souffle, trad. Emile Hennequin
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Cet événement fait suite à celui de la petite chose coincée entre le parquet et la plinthe dans la grande salle commune, c’était trois jours avant :
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