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2020-01-20 - zone : La Pébipologie, désexposition - (3)
Pébipologie
une exposition collectivement virtuelle
par Tavara Fuente Jorp & Peter Junof
une proposition dingue pour BIP en Belga
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Une présentation de la Pébipologie par Rosa Eslavida
Part.3
Les artistes de La Pébipologie
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Quand il s’agit d’une exposition, les artistes sont habituellement choisi.e.s et sélectionné.e.s, voire sollicité.e.s : et là, donc, pour une fois, elles et ils se sont délibérément joint.e.s au projet de “désexposition” énoncé par Tavara Fuente Jorp & Peter Junof (TFJ & PJ) par le simple intitulé de départ : La Pébipologie.
Disons que cela a drainé, et que cela s’est répandu… pour former une sorte d’assemblée ou de convention… et créer une aimantation spontanée et native des artistes vers La Pébipologie… Bref, il n’y a pas eu grand chose à faire…
Ainsi il serait bien difficile de faire la présentation ou de dessiner les périmètres d’une telle exposition qui comme on le voit ne s’annonce pas comme telle et ne s’élabore pas comme cela se fait généralement, car en effet, là, c’est la réunion ou plutôt le regroupement des œuvres qui décide de “faire exposition” et de la laisser être imaginée, voire de susciter une construction exceptionnelle : celle du MIP, son musée invisible.
Car comme le décrit le philosophe Clément Rosset, [l’humanité] « possède la faculté de croire souvent appréhender des objets éminemment équivoques, dont on peut dire à la fois qu’ils existent et qu’ils n’existent pas. […] Pour le dire en un mot : si […] l’objet de la vision n’existe pas, la “vision” de l’objet, ou son imagination, n’en existe pas moins. Mais que voit-on, quand on ne voit rien ? » (In L’Invisible, 2012, p.10).
Et là le propos est encore davantage subverti puisque d’exposition il n’y en aura pas du tout : de la sorte TFJ & PJ n’en font aucune annonce ni publicité hormis de poser sur la table le plus simplement du monde ce que le duo appelle une branche méconnue de l’art dont le nom n’a jusqu’alors ni encore circulé ni encore été révélé : le titre se met une nouvelle fois à clignoter : on parle bien là de La Pébipologie.
On en fait le constat avéré et patent puisque la seule chose visible restera un catalogue, oui bien entendu, épais et déployé en plusieurs tomes, reproduisant des œuvres prouvant que leur existence ne fait aucun doute et que tout cela n’est pas inventé ex-nihilo, d’autant plus que la majorité d’entre elles, on l’apprendra, ont été réalisées spécialement dans le contexte du site du Pé (ou plus précisément, pour respecter la terminologie pébipologique, dans le contexte du P). Par ce simulacre, l’utilisation de la reproduction, donc d’un travail de production photographique hyper-poussé, virtualisé et plutôt sophistiqué, à la place de la monstration (d’aucuns pourrait y voir de la déproduction, une forme d’oisiveté ou de manière de se défaire de beaucoup d’embarras), appuie sur l’ambigüité du projet de départ : l’enjeu est en effet de discerner un art vivant et un art du présent qui alimente toute pratique, qui réagit aux contextes et s’en nourrit, sans visibilité recherchée ni exhibée.
On ne peut que convenir que dans un travail de création il y a d’abord une “vision”, une “motivation” dirons-nous, qui peut être soit image mentale ou ressort et élan dont on ne peut se défaire, soit une sensation, image ou pas image, surgissante d’un mouvement ou d’une manipulation que l’on fait, que l’on qualifie d’accident ou d’incidence, et qui devient inéluctablement une obsession qui nous pousse “à faire”.
Pour illustrer ce propos somme toute complexe, l’exemple de mettre les mains dans la purée ou dans la mousse à raser pour “mouler et modeler” une forme, qui néanmoins paraît “déjà-là” ou “inédite”, comme cela arrive à Roy Neary dans un film fameux, peut être très parlant.
On pourra dire qu’il en est certainement de même pour un certain M.P. avec les épisodes de “la madeleine”, des “clochers de Martinville” (ou Martainville), de la petite “phrase de Vinteuil”, des “pavés inégaux de Venise”, de “la vue d’arbres en voiture” (près de Balbec), du tintement d'“une cuiller sur une assiette”, de “la raideur d’une serviette”, etc. tant d'impressions obscures comme le dit lui-même l’auteur…
« Je sentais pourtant que ces vérités que l’intelligence dégage directement de la réalité ne sont pas à dédaigner entièrement, car elles pourraient enchâsser d’une matière moins pure mais encore pénétrée d’esprit, ces impressions que nous apporte hors du temps l’essence commune aux sensations du passé et du présent. […] Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de mondes à notre disposition, plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l’infini, et qui bien des siècles après qu’est éteint le foyer dont ils émanaient, qu’il s’appelât Rembrandt ou Ver Meer, nous envoient leur rayon spécial. […] Comment la littérature de notations aurait-elle une valeur quelconque, puisque c’est sous de petites choses comme celles qu’elle note que la réalité est contenue (la grandeur dans le bruit lointain d’un aéroplane, dans la ligne du clocher de Saint-Hilaire, le passé dans la saveur d’une madeleine, etc.) et qu’elles sont sans signification par elles-mêmes si on ne l’en dégage pas ? » (À la recherche du temps perdu, Le Temps retrouvé, Tome VII, Volume 2, p.53, p.49 et p.47, 36e édition, 1927.)
Ou encore, comme il en est, dans un autre registre, pour un certain M.D., avec les récurrences cryptées de la “chute d’eau” et du “carrelage en damier”…
Bref, c’est ainsi que la première année, une trentaine d’artistes ont rejoint La Pébipologie et la constitue. En voici ci-dessous un court et maigre échantillon, avant d’en découvrir un second un peu plus tard au fil de ces articles.
On dira que tout cela, toutes ces œuvres, donnent l’air de marcher par capillarité comme d’être pilotées par un magnétisme tout particulier que l’on peut aussi rattacher, ne l’oublions pas, à ce qui fait naître et produit de pareilles visions et pleines réalités : les bips.
Rosa Eslavida, pour La Pébipologie.
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Moroju Ajee & Joe Jemory
Sirius Man dans le beige, photo trafiquée (2019)
Les Pierres de Sirius Man, photos brutes prises dans le lac asséché du Moulin du Pé (2019)
Photos prises par curiosité sur Mars, photos non traitées et non colorisées (2020)
Planche de captations d’impressions dans la capsule de transfert, collage (2020)
Effets de surprise, réappropriation (2020)
Séries des Horizons, les Genêts, réappropriation de prises de vue (2020)
suivies d’autres Séries des Horizons, installation photographique (2020)
Série de 3 : Sensation de Gravité, polaroîds récupérés et agrandis, 1mx1m (2020)
La Maison, photographies récupérées, traitées et agrandies (2020)
Les Frises, photographies horizontales (2020)
Dyptique de l’Homme Seul, deux photographies (2020)
Forme Humaine, photographie agrandie plusieurs fois (2020)
Séries d’éditions, impressions de fichiers numériques pdf (2020)
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Flor Jillian Guiler
Les Maisons du Docteur Allan (à la recherche du directeur de l’hôpital), série de photographies (2019-2020)
La restauration et reconstruction du monde à partir du Pé et de Devils Tower (projection urbaine pour le site du Moulin du Pé), montage et dessins crayon graphite (2020)
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Abidar Lekin
Ziggy Blue, rideau, porte sans porte, interrupteur pansé (2019)
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Carline Campbell
Retour sur Terre, wall drawing, 3mx3m (2019)
séries sans fin des Retour sur Terre (je suis gentille), feutres et crayons couleur sur papier (2019)
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Stan Lacombe
Jungle quatre-vingt-neuf, hommage à G & G, encre de chine (2020)
Abri de Jungle (3-en-1 : point d’observation, zone de dialogue avec le végétal, et rampe de lancement de bombes de semences vers le terre-plein), construction en bois au proportions exactes du bâtiment 89 (2019)
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Jean-Claude Stervadze (a.k.a JJCS)
Second Life, séries d’objets trouvés dans les jardins et sur le bon coin (2020)
Appareil de téléportation entre Saint-Nazaire et Liège, photographie re-dessinée (2020)
Habit de protection, gilet en agneau de Mongolie, tie-and-dye (2020)
Série de photographies de fils trouvés sur et autour du site du Moulin du Pé (2019-2020)
Les Magnolias, installation audio-visuelle à partir de diapositives trouvées, contributions des habitant.e.s actuel.le.s au Moulin du Pé, dispositif de 13 projecteurs diapo Rollei (2019-2020)
Sans Titres (Livre d’Images), série d’images cinemagraph (2019-2020)
série de performances filmées sur le site découvert du Moulin du Pé, vidéos (2020)
(avec Jérôme Joy) : NoCinema, application en ligne (internet, streaming) permettant de générer des films de “documentaire/fiction” à l’aide d’images captées en temps réel par des webcams dispersées dans le monde : Tout ce qui bouge sur un écran est du cinéma (Jean Renoir) (http://nt2.uqam.ca/fr/repertoire/nocinema )
(avec Jérôme Joy) : Dessus Dessous (le volcan), projet architectural musical pour un parking : l’architecture comme une fabrique sonore : projet à réactiver ; http://jeromejoy.org/w/index.php?page=Architecture ; projet non réalisé (en collaboration avec Jean de Giacinto et Duncan Lewis) présenté à la Maison de l’Architecture, Paris, 1994.
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revenir à… : Part.1 la présentation de La Pébipologie.
revenir à… : Part.2 les méthodes de La Pébipologie.
aller à une seconde partie…: Visions urbaines
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