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FAQ : Les WAou
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DEFINITION
QU’EST-CE QUE LES WAou ?
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Les WAou (Workshops Artistiques ou pas) est une partie pratique de Arts & Contextes, un espace pédagogique et artistique proposé par Ralf Nuhn, Neal Beggs et Jérôme Joy au sein de l’Ensa École nationale supérieure d’art de Bourges. Les WAou fonctionnent sous forme de semaine(s) durant lesquelles un groupe d’artistes se déplacent dans un endroit sans objectif premier.
Avant de s’appeler les WAou le projet avait un nom d’aventure, Sirius Rovers (note 1). Les sessions se déroulaient durant les vacances étudiantes à côté du cadre académique de l’école d’art. En 2020, le projet est entré dans l’enseignement et depuis la convention signée entre le P9 et l’Ensa Bourges, le module s’intitulé à présent WAou.
Pour les deux à trois années à venir, plusieurs endroits ont été choisis, la plupart étant gérés par des artistes : P9 Saint-Nazaire (comme zone test), cONcErn à Cosne d’Allier, Treignac Projet en Corrèze, Kerminy en Bretagne, PAN café à l’Isle-Saint-Denis, Gorodka à Sarlat-la-Canéda, Atelier Expérimental AE et AER à Clans dans les Alpes-Maritimes, Kunst- und Projekthaus Torstrasse 111 à Berlin, La Cherche à Cherbourg en liaison avec EMBED et La Coopérative de Recherche (ESACM Clermont-Ferrand-Métropole), Picto artist run-space dans le quartier de la Servette à Genève, Hangar de l’Avenir, Ferme forestière de Bellevue sur la ZAD, The Laboratory of Insurrectionary Imagination Labofii à la r.O.n.c.e dans le Morbihan, KRA Kravín Rural Arts Hranice u Malče à Vysočina en Tchéquie, dans la communauté innue de Mashteuiatsh près du Lac Saint-Jean à Chicoutimi au Québec, Berrocal à Huelva en Andalousie, etc. etc. avec également des articulations avec d’autres expériences telles l’École Hirsute et Expérience des Territoires de l’Ensa Limoges.
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La philosophie sous-jacente de l’option Art & Contextes veut rendre compte de façon critique et expérientielle de ce qui lie l’art et la vie. Cette réflexion fonde une des problématiques importantes de l’art contemporain. Et en nous autorisant à la mise à l’épreuve d’états et de réflexions critiques et fragiles engagés par ces pratiques, comme à la mise en action d’intuitions, d’hypothèses et de spéculations qu’elles activent, nous pouvons interroger l’art comme expérience et pratique du monde.
Nous voudrions montrer que ce programme peut offrir des outils et des moyens pour, d’une part, éclairer des processus et des procédures de travail « sans murs », practice-based, et, d’autre part, mieux comprendre les positions et les dynamiques de l’art et des artistes dans un champ plus large ou élargi. Il est certainement nécessaire d’aborder aujourd’hui les questions de multi-spatialisation des actions et des présences artistiques et de leur liminalité, c’est-à-dire de leurs états transitoires, voire flous ou neutres, et de seuils lorsqu’on traverse les espaces, passe de l’un à un autre, ou au sein d’un même espace. Il apparaît ainsi que nos navigations et nos passages d’un espace à un autre, comme nos différentes apparences et apparitions dans ceux-ci, et de surcroît les actions que nous y menons, donnent l’air d’être préoccupantes.
Néanmoins, l’école d’art ne demeure-t-elle pas l’endroit le plus approprié et le plus expérimental de l’art à partir duquel nous pouvons questionner, éprouver, tester, camper, étudier et examiner ces espaces différents et différenciés ?
Ici, il faut entendre par contextes tout milieu pris en compte dans une conduite que l’on se donne, se permet et s’autorise. Il peut s’agir d’un environnement social, spatial, technique, culturel, linguistique, etc. paraissant échapper aux cadres préétablis voire détrôner ces derniers. La décision artistique est dès lors de l’ordre du déplacement, de la déambulation, du trajet, de l’échappement, du débordement, de la dérive, etc., suivi le plus souvent par l’élaboration de formes de restitution afin de revenir, pour les artistes qui le souhaitent, à l’espace initial de visibilité, et, pour d’autres, d’inventer des situations de collaboration avec des environnements autres.
Et parfois, l’intérêt est d’observer que ces espaces et ces moments distincts se retrouvent confondus ; de la sorte, l’œuvre, soit immergée ou inaperçue soit révélée, ne se trouvera accessible que dans le contexte écarté : celui large (environnementiel) ou celui restreint (spectatoriel).
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L’immersion et l’exploration au sein d’un terrain ou d’un champ — workshops-séjours cartes blanches (WAou) ; sessions temps réel ou live de pratiques faisant coopérer les initiatives individuelles et collectives — (en milieux doux et en milieux extrêmes) engagent la spéculation et l’interaction.
Au sein de ce cadre, nous explorerons les moyens et les attendus d’une recherche en plein air (nourrie par des pratiques de terrain ou sur le terrain, à terrain découvert, en temps réel et hors-les-murs, et où le terrain d’expérimentation et de recherche ne paraît pas correspondre au terrain habituel de l’artiste).
Ici se loge également la richesse espérée des va-et-vient entre « études » et « explorations » menées ensemble, étudiant-e-s et artistes-professeur-e-s, sur des temps intensifs et extensifs. Nous pourrons autant aller pérégriner dans des terrains éloignés (y aller, s’y poser, y former des anticipations, glaner, y agir et interagir sans préparations) que ramener et tester à l’école des situations de contextes autres (diy, interpréter, ré-estimer des occasions d’action, les re-former et les re-formuler, etc.)
Ceci nous permettra de mieux considérer les conditions qui sous-tendent la création artistique (incertitude, incertain, stabilité/instabilité, précarité) sans avoir à devancer les réalités, les contraintes et les limites qui seront rencontrées. Tout l’intérêt est de voir comment l’art se comporte dans des contextes non prescrits.
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Les semaines WAou d'Art & Contextes s’attendent à ce que les étudiant.e.s proposent leurs propres terrains d’investigation au sein d’un tel cadre pour développer leur pratique artistique, sans contrainte de médium ni de format ni de moyens.
Les WAou, sans décider en préalable de ce qui va être fait, démarrés à Saint-Nazaire, leur premier terrain d’accueil au P9/89 en zone urbaine défrichée et en friche, pourront se dérouler sur d’autres sites. Les WAou veulent faciliter la rencontre in vivo avec des milieux et contextes professionnels artistiques comme avec des contextes inédits développés actuellement par des artistes ou des groupes d’artistes.
Les références autour de ce projet sont multiples, et en effet les projets de John Baldessari (Assignments (1970)) (note 2) et d’Allan Kaprow aux CalArts (un document pdf à ce sujet) (note 3) dans les années 70 sont essentiels. D’autre part, l’actualité nous rattrape puisque le Centre Pompidou-Metz vient de consacrer une exposition passionnante sur ce sujet (du 5 février au 29 août 2022) : L’Art d’Apprendre - L’École des Créateurs (note 4).
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notes de bas de page
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(note 1) — On rappelle que Sirius Rovers fait autant référence aux machines envoyées et contrôlées à distance sur une planète ou une comète afin de l’explorer, que par homophonie au titre Serious lovers issu de la chanson de Whitney Houston, We Didn’t Know.
That’s what happens / When innocent friends / Turn serious lovers / And we’re so happy that / We’ve fallen in love / And still can be best of friends
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(note 2) — « En 1970, alors que John Baldessari enseignait à CalArts en Californie et qu’il venait juste de faire prendre un tournant à sa pratique artistique en incinérant tout ce qu’il avait créé jusqu’alors il a distribué à ses étudiants cette liste de 109 exercices artistiques. Les exercices avec leurs intitulés qui peuvent être extrêmement spécifiques, humoristiques ou juste étranges sont une oeuvres en eux-mêmes. Rétrospectivement, on arrive à trouver pour presque chaque exercice un artiste contemporain qui pourrait avoir basé toute son oeuvre sur un de ces intitulés. »
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(note 3) — http://f-u-t-u-r-e.org/r/58_Geraldine_Gourbe_La_pedagogie_d_Other_Ways_par_Allan_Kaprow_et_Herbert_Khol.md ; https://riouxfrancois.com/biblio/Art_et_vie_confondus_AllanKaprow.pdf ; https://head.hesge.ch/arts-action/IMG/pdf/Kaprow_fr_unartist.pdf ; https://blog.calarts.edu/2009/09/10/alison-knowles-james-tenney-and-the-house-of-dust-at-calarts/
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(note 4) — L’exposition L’art d’apprendre. Une école des créateurs aborde la question de la pédagogie depuis l’école d’art, pour ensuite basculer dans le grand bain des apprentissages que chacun mène tout au long de sa vie. Dans un premier temps, il s’agit donc d’observer comment les artistes apprennent à faire de l’art, et comment cet apprentissage, qu’il soit accompagné ou autodidacte, devient parfois une forme d’art à part entière, ainsi qu’une amorce de réflexion sur l’éducation en général.https://www.franceinter.fr/emissions/la-revue-des-expos/la-revue-des-expos-du-week-end-du-samedi-12-mars-2022 ; https://www.lesinrocks.com/arts-et-scenes/une-ecole-des-createurs-au-centre-pompidou-metz-des-non-ecoles-aux-anti-universites-444607-15-02-2022/ ; https://www.centrepompidou-metz.fr/sites/default/files/issuu/cp_lart_dapprendre.pdf
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