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2023-07-03 - prolégomènes III-g au ouesterne : zapper kafka à kaffa (commentaires)
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Études pébipologiques.
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chronologie des prolégomènes :
- I - franz kafka spinoza
- I-bis - franz scalpa spinoza
- II - frank zappa spinola
- III-a - zapper kafka à kaffa
- III-b - zapper kafka à kaffa (marcel)
- III-c - zapper kafka à kaffa (longtemps marcel 1)
- III-d - zapper kafka à kaffa (longtemps marcel 1)
- III-e - zapper kafka à kaffa (horace)
- III-f - zapper kafka à kaffa (roman-photo)
- III-g - zapper kafka à kaffa (commentaires)
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Le menu de cette page :
- introduction
- Premier point : le chapeau de Marcel
- Deuxième point : le chapeau d’Arthur
- Troisième point : Chris Burden
- Quatrième point : Johnny Hawks et Briggs
- Cinquième point : Er de Kafka
- Sixième point : les prolégomènes
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introduction
Nos commentaires partent de points sensibles logés dans les précédents articles “Zapper Kafka à Kaffa” (voir la liste ci-dessus), on dit “zapper” comme si nous l’avions évité volontairement (le “Kafka”) ou comme si nous avions détourné le regard à son passage dans les rues de Kaffa.
Mais qui a bien pu aller à Kaffa ? à part peut-être A.R. que Kafka orthographie “Er” (Lui ou Il) dans l’une de ses nouvelles, alors qu’il s’agit de la fameuse icône, la rimbaldienne, l’Arthur Rimbaud devenu figure abyssine. Il est à remarquer que toutes ces personnes portent un chapeau, ce qui ne peut qu’alimenter en retour cette science quelque peu occulte et secrète dont La Pébipologie est devenue spécialiste : la chapologie.
Car si tout relie et s’associe par les chapeaux, on en verra donc ici quelques-uns :
• celui de Marcel Proust en 1905 en cure à Évian ; plus un canotier qu’il portait en 1893 à Cabourg ;
• alors que nous avons beaucoup vu ceux de Kafka dans les articles précédents, donc attachons-nous ici à Arthur Rimbaud via la photographie (fût-elle fausse…) avec ce chapeau type Stetson… Ce sera notre deuxième point avant d’en aborder d’autres plus bas dans cette page…
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Premier point :
le chapeau de Marcel Proust à Évian-les-Bains en septembre 1905, lors de l’un de ses séjours (dès 28 ans Proust souffrait d’asthme et fumait beaucoup trop) à l’Hôtel Splendide face au lac Léman — d’où le principe de lémancolie développé par La Pébipologie (que nous avons abordé là).
La Pébipologie aborde ce terme d’une façon plus large que celle décrite par Héloïse Pocry :
Lémancolie, nom féminin, néologisme romand emprunté à l’exposition Lemancolia:
1. Mal du pays des lémaniques lorsque le lac est hors de leur vue trop longtemps.
2. Prière méditative devant un paysage aussi sublime qu’insaisissable.
3. Oscillation constante entre émerveillement et mélancolie à observer le monde.
plusieurs pistes sont ici :
- — https://www.citedevian.fr/hotel-splendide-splendid-hotel-evian-les-bains/ ;
- — http://comtessedenoailles.blogspot.com/2015/04/marcel-proust-evian.html ;
- — http://www.hicsum-hicmaneo.com/article-marcel-proust-au-bord-du-lac-de-geneve-par-timothy-shaw-118911425.html ;
- https://www.hotelslitteraires.fr/2019/12/03/conference-proust-et-les-hotels-par-jacques-letertre/
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Deuxième point :
— en haut, image de droite : Spinola Rimbe et Paulo Grombo (à gauche) ; aka Arthur Rimbaud et Paul Verlaine.
— en haut image de gauche : J.R. and Sam Perkins, Lexington, Oklahoma, Indian Territory, 1901.
— puis en bas : Lettre de Felix Regamey à son frère, automne 1872. « Maintenant, devine qui j’ai sur le dos depuis trois jours. Verlaine et Rimbaud – arrivant de Bruxelles – Verlaine beau à sa manière. Rimbaud, hideux. L’un et l’autre sans linge d’ailleurs. Ils se sont décidés pour le Gin sans hésitation« , écrit Régamey dans cette lettre à son frère datée du 13 septembre 1872.
— Rimbaud et Verlaine en chapeau sur la première ligne, il s’agit d’une photo truquée. Un montage qui ne se donne pas comme tel, donc un faux, pour représenter Rimbaud et Verlaine côte à côte. Depuis plusieurs années une photographie censée représenter Paul Verlaine et Arthur Rimbaud circule sur Internet. Selon le compte Twitter History in Pics, la photographie a été prise à Bruxelles en 1873. S’il n’existe aucune photographie de Verlaine et Rimbaud ensemble, plusieurs portraits de chacun d’eux sont célèbres. Ce sont justement deux de ces portraits d’Arthur Rimbaud et Paul Verlaine qui ont été collés sur ce cliché : faits par Étienne Carjat dans son atelier au numéro 10, rue Notre-Dame-de-Lorette (Source).
— Pour compléter voici quelques photos (rares) de Rimbaud en Abyssinie :
en 1883.
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à l’hôtel de l’Univers à Aden (Yemen ) - août 1880.
— On ne peut que remarquer des similitudes de physionomie (est-ce la moustache ?), de loin, entre Rimbaud, Proust et Burden…
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En haut : Marcel Proust à Cabourg devant la nouvelle gare de Dives-Cabourg vers 1893 ; Marcel Proust dans un jardin avec des amis, également vers 1893 ; puis deux photographies de Chris Burden ; En bas : Marcel Proust au Jardin des Tuileries en 1921.
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Sources :
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Troisième point :
Abordons de concert d’autres centres d’intérêt : on peut tout à fait s’intéresser aux moyens que Spinoza Spinola a utilisé pour rejoindre Saint-Nazaire à partir de Nantes. Et l’un de ceux qui a retenu notre attention est la navigation. D’où notre regard qui se tourne vers l’artiste américain Chris Burden :
Chris Burden, “B.C. Mexico”, 1973. [8]
— En 1973, à l’aide d’un petit kayak en toile, Chris Burden a pagayé d’une ville sur la mer de Cortez en Basse-Californie (San Felipe) jusqu’à une plage inhabitée plus au sud, en ne transportant que de l’eau. Il a passé 11 jours sur la plage, à des températures de 48-49 degrés, avant de de rentrer en ville et déclarer la fin de l’exposition le 10 juin à laquelle il participait. Lors de ce finissage, il montra un film court-métrage de son départ et lut son journal de bord. “C’était vraiment plus une question d’isolement qu’autre chose”, a déclaré Burden lors d’une interview avec le New York Times. “Il s’agissait d’être parti.” Le texte de l’œuvre : “J’ai atterri à San Felipe, au Mexique, dans la mer de Cortez. Dans un petit kayak en toile, j’ai pagayé vers le sud jusqu’à une plage isolée en ayant emporté de l’eau avec moi. J’y ai survécu 11 jours ; la température quotidienne moyenne était de 48-49 degrés. Le 7 juin, je suis retourné en pagayant à San Felipe et j’ai été conduit en voiture à Los Angeles mon point de départ. La pièce avait été annoncée dans une exposition par Newspace, et pendant mon séjour au Mexique, un avis dans la galerie informait les visiteurs de mon absence. Le 10 juin au Newspace, j’ai montré un court métrage de mon départ et lu un journal que j’avais tenu."
Chris Burden, “Honest Labor”, 1979, Vancouver, B.C.
pour illustrer le principe des trous et des buttes, si cher à La Pébipologie…
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Quatrième point :
N’oublions pas de relier le tout à la question générale du ouesterne :
André de Toth, “The Indian Fighter” (La Rivière de nos amours), 1955. — Oregon 1870. L’éclaireur Johnny Hawks, qui connaît bien la culture indienne, est envoyé auprès de Nuage Rouge (Red Cloud), chef des Sioux, afin de lui demander l’autorisation de faire passer un convoi sur son territoire. Dans l’image ci-dessus, on voit Johnny Hawks (surnommé “Spinola”) en train de se lier d’amitié avec Briggs aka “Spleenoza”, un photographe comparable à Ansel Adams et désireux de documenter les communautés indiennes et le vaste paysage que la civilisation blanche est sur le point de détruire. Hawks est en colère considérant que les photos de Briggs amèneront des milliers de colons qui de surcroît obstrueront les territoires existants avec des mini-centres commerciaux, mais Hawks l’éclaireur ne facilite-t-il pas lui-même l’exode ? Le message en sous-texte peut s’entendre ainsi : la ruine et la disparition du désert comme des cultures locales est une fatalité. À cet égard, le film ressemble à tant de westerns qui feignent l’indignation face à l’extermination des Amérindiens, mais ne font guère plus que soupirer… (Source)
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Cinquième point :
Nous n’hésitons pas à revenir sur cette petite note à propos de “Er” de Franz Kafka.
Note que nous avons rapprochée d’une déformation de A.R. (Arth. Rimb.), puisque pour le désigner il lui a fallu se résoudre à restreindre son nom en “Il” (en allemand Er, et que l’on peut aussi traduire par Lui). Er est une série d’aphorismes qu’il n’est pas simple de trouver dans la bibliographie de Kafka (elle est longtemps restée inédite en langue française), néanmoins l’éditeur allemand Suhrkamp Verlag l’avait pris comme titre :
C’est un texte étrange et obscur, presque désespérant… décrivant la sensation de “double” en soi-même. Et simultanément, le texte est éclairant et limpide… le Er (Lui) peut être un Sie (Elle, et à la fois Elles et Eux)… Hannah Arendt avait trouvé en son temps, dans ce texte exactement, un fondement de sa critique dans “La condition de l’homme moderne” (1958) — Dans l’introduction de son livre, elle affirme vouloir redonner une place de choix à la vita activa alors que la tradition philosophique l’a historiquement reléguée au second rang derrière la vita contemplativa…
Un texte donc dont la première phrase est significative :
« Il a trouvé le point d’Archimède, mais l’a utilisé contre lui-même, c’est manifestement à cette seule condition qu’il a été autorisé à le trouver.
14 janvier 1920. — Lui, il se connaît, les autres, il les croit, cette contradiction lui scie tout en deux. »
Que l’on retrouve dans le texte original :
« Er hat den archimedischen Punkt gefunden, hat ihn aber gegen sich ausgenutzt, offenbar hat er ihn nur unter dieser Bedingung finden dürfen. » — (Journal [Fragments de 1920]).
Jusqu’à une page plus loin, une remarque étonnante :
« Son propre os frontal lui barre le chemin, il se met le front en sang en le cognant contre son propre front. »
Ça bute, ça a du mal à faire levier.
Pourtant l’expression « point d’Archimède » est issue d’une phrase communément attribuée au scientifique grec Archimède : « Donnez-moi un point d’appui, et je soulèverai le monde », vœu qu’il aurait prononcé en découvrant le principe du levier et dont s’est servi Descartes dans sa démonstration philosophique (et toute la philosophie des Lumières : “il faut sortir du monde”, puisque le levier est naturellement situé en dehors du monde : la pensée, les idées, les concepts, comme outils mécaniques). Ce que décide Descartes : « Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu’un point qui fût fixe et assuré ».
De son côté Spinoza semble proposer autre chose. Gilles Deleuze donne ces exemples ci-dessous pour illustrer les trois genres de connaissance présents dans l’Éthique (1677), chacun correspondant à un genre de vie à part entière :
- La connaissance du premier genre est empirique : « je barbote dans l’eau, mon corps subit les vagues et l’eau ».
- La connaissance du second genre est empirique et rationnelle : « je sais nager, au sens où je sais composer mes rapports avec la vague, avec l’élément eau ».
- Le troisième genre est purement rationnel : « je connais les essences dont dépendent les rapports, je sais ce que sont l’eau, l’onde, la vague, le principe d’Archimède, leurs causes », etc.
- Il y a donc plusieurs connaissances possibles (ce dont Spinoza Spinola avait l’intuition en se lançant dans ce ouesterne). (une autre intuition ici).
En se basant sur plusieurs recherches existantes et si l’on suit Arendt, la découverte du point d’Archimède n’est pas tant celle d’un point fixe que celle d’une relativisation générale du système de référence par lequel la raison scientifique peut assoir sa légitimation. Le point fixe n’est fixe que d’être relatif. Arendt interprète la révolution copernicienne comme une aliénation radicale et irréversible du monde : la Terre n’est plus à l’humanité moderne qu’un mobile quelconque. Elle l’est devenue au moment même, comme l’indique Kafka, où la science copernicienne pouvait en rendre raison. Car l’esprit humain, ou la raison scientifique, ne saurait arraisonner la Terre qu’au prix d’une acceptation d’un relativisme général. Comme si la structure même de l’esprit errait dans un ciel acosmique. Il devient alors, dans la perspective arendtienne, inutile et vain de lancer la « question en retour vers le sol originaire de l’idéalisation et de la conception scientifique du monde ». Ce sol s’est dérobé ; au point archimédien ne correspond plus aucune assise du monde. (Source ; Source 2)
Ces aphorismes Il de Kafka apparaissent sous le titre “Paralipomènes”, titre qui nous contredit puisque les paralipomènes sont des sortes de suppléments à un ouvrage qui précède, par opposition aux prolégomènes. Mais où va-t-on ? La boussole s’affole…
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Sixième point :
Mais quels sont tous ces prolégomènes ?
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revenir au premier article du ouesterne, épisode étude Kafka Zappa Spinoza
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- Sommaire de Pébipologie et ouesterne :
- Le début de ouestern spinoza (et les 9 pages suivantes)
- partie de récit 1
- partie de récit 2
- Utile randonnée ? partie 1
- Utile randonnée ? partie 2
- Les conditions du ouesterne
- Hombre no ! Hombre que si !, partie 1
- Hombre no ! Hombre que si !, partie 2
- Pébipologie et ouesterne, la récap
- Dans la sierra
- Impression du ouesterne spinoza
- prolégomènes 1 au ouesterne : Franz Kafka Spinoza
- prolégomènes 1bis au ouesterne : Franz Kafka Spinoza
- prolégomènes 2 au ouesterne : Frank Zappa Spinola
- prolégomènes 3a au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa
- prolégomènes 3b au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (marcel)
- prolégomènes 3c au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (longtemps marcel 1)
- prolégomènes 3d au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (longtemps marcel 2)
- prolégomènes 3e au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (horace)
- prolégomènes 3f au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (roman-photo)
- prolégomènes 3g au ouesterne : zapper Kafka à Kaffa (commentaires)
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