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2022-08-29 - LETTRE OUVERTE
Un huissier est passé ce lundi 29 août aux Maisons d’Hébergement Solidaire (MHS) pour leur signifier qu’iels étaient expulsables. Nous imaginons que, à la suite de cette expulsion, toutes les ouvertures de ces maisons vont être murées et nous nous interrogeons sur l’avenir de la fresque réalisée par l’artiste Vinci Vince le 14 août dernier sur la façade du 109, et sur celui des interventions graphiques sur la maison 107.
Vinci Vince est un street artiste de renommée internationale qui travaille sur la représentation de personnalités historiques ayant œuvré pour les droits humains. Sur la fresque de Saint-Nazaire, c’est le visage de Christine Brisset. Surnommée “la madone des squats”, elle a été infirmière, assistante sociale, résistante et fondatrice des Castors Angevins.
Après la Seconde Guerre Mondiale, Christine Brisset, alors journaliste, a apporté un soutien actif aux sans-logis. Elle exigeait que l’ordonnance de réquisition soit appliquée. Lorsqu’elle ne l’était pas, elle informait les autorités de la date à laquelle les familles s’installaient dans les logements inoccupés et dans la grande majorité des cas les propriétaires finissaient par accepter la location “imposée”. Ainsi sur les 317 occupations effectuées de 1947 à 1949, seulement 5 propriétaires ont porté plainte. Christine Brisset était aussi la compagne de Pierre Brisset, administrateur du Courrier de l’Ouest et fondateur du Mouvement républicain populaire (MRP) en Anjou.
L’an dernier, M. Michel Ray, élu à la Culture de Saint-Nazaire, partageait sa vision du street art : «Tant qu’une œuvre n’est pas attaquée, c’est qu’elle a sa place, et nous sommes favorables à la laisser vivre […] je ne veux ni être un censeur, ni porter une esthétique plus qu’une autre." 1
Plus loin dans cet article, M. Ray affirmait que “l’art dans la rue [doit] respecter l’histoire de la ville.” Nous le rejoignons sur ce point. Le Projet Neuf ne se prononce évidemment pas sur la décision de justice concernant l’expulsion des MHS, mais s’interroge sur la possibilité que la fresque soit effacée, ce qui reviendrait à gommer cette expérience solidaire de l’histoire de Saint-Nazaire.
Favorables, tout comme Mr Ray, à la pluralité des expressions artistiques, nous sommes convaincu.e.s que la fresque de Vinci Vince saura trouver sa place dans la ville et son histoire.
Les artistes membres actif.ve.s du Projet Neuf.
1 : Ouest-France, 28 juillet 2021
Le texte est disponible là.
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quelques semaines plus tard, sur les parties murées, les mots se ré-écrivent…
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